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13 juillet 2016 3 13 /07 /juillet /2016 08:29

Pendant seize ans, de 1987 à 2003, j’ai assuré les fonctions de syndic bénévole , à Caluire, 32 bis avenue Général Leclerc, d’un immeuble d’une cinquantaine de personnes groupées en vingt copropriétaires.

Nous avons formé une société autogestionnaire d’individus égaux entre eux et pleinement responsables. Chaque copropriétaire versait au trimestre la même somme d’argent que celle qu’aurait demandée un syndic professionnel. J’assurais ,mon travail de gestion bénévolement, ;de plus , je versais comme tout le monde ma quote-part. Compte tenu du travail des copropriétaires lors des chantiers communs dans l’immeuble et du fait que j’étais un syndic non rétribué nous avons économisé , en seize ans, environ 150 000 €. C’était l’argent de tous et il servait à l’entretien de l’immeuble. Nous avons pu réaliser ainsi d’importants travaux.

Enumérons d’abord ceux ayant nécessité l’intervention d’une entreprise professionnelle : la réfection de la couverture de l’immeuble ; dans la cage d’escaliers le ravalement des murs et le revêtement des marches ;le changement de tous les tuyaux d’évacuation des eaux usées desservant tous les appartements ; l’installation de nouvelles serrures aux quatre portes d’entrée ; la réfection de la façade de l’immeuble ; le changement des garde-corps des balcons. Mais les travaux qui créèrent le plus de liens entre nous furent ceux que tous les copropriétaires ont réalisé eux-mêmes .Et ils étaient nombreux : aux dix garages, installation de portes basculantes et le remplacement de la toiture éternit par une toiture métallique laquée ; la pose de nouvelles boites aux lettres plus grandes que les précédentes ; la pose d’un grillage sur une murette en limite de propriété ; le vernissage des portes d’entrée ; la création d’un système automatique d’arrosage de la pelouse ; la taille des toènes ; l’installation d’un interphone…. Arrêtons cette énumération que la longueur rend fastidieuse.

Nous étions des individus non assistés . Nous nous réunissions une ou deux fois l’an, dans le sous-sol de l’immeuble car c’était , bien sûr, une salle gratuite. Dans nos assemblées siégeaient ,évidemment , tous les copropriétaires. Nous décidions des travaux à effectuer et de l’entretien de l’immeuble. L’Assemblée générale était secondée par une commission permanente formée d’un nombre restreint de copropriétaires délégués par tous. Il existait aussi un conseil exécutif formé de trois personnes : le syndic , le vice-président et le trésorier. Le syndic était choisi parmi les membres de la communauté. C’était un syndic coopératif. Ce n’était pas un homme exceptionnel, mais un citoyen comme les autres et qui était élu par l’Assemblée générale et pour un an seulement ,renouvelable éventuellement. L’assemblée m’a toujours fait l’honneur de me désigner pendant seize ans consécutifs. Nous gouvernant nous-mêmes ,nous étions fiers d’échapper au moins partiellement au cycle de l’argent. C’est là , un des aspects économiques non négligeable et qui, de plus, maintenait une entente cordiale entre nous.

Il est un autre aspect de notre petite république autogestionnaire, c’est l’intégration que nous croyons avoir réussie avec les locataires et les étrangers. Locataires, étrangers , copropriétaires , nous regrettions cette hétérogénéité des habitants. Hétérogénéité due au coût élevé des appartements, surtout pour les jeunes. Mais puisque la loi Quillot le permettait, nous invitions un représentant des locataires à nos assemblées. Nous ne considérions pas les locataires comme de êtres inférieurs et au repas annuel de l’immeuble nous les invitions et ils venaient partager la bonne ambiance . Les barrières entre copropriétaires et locataires tombaient. Elles disparaissaient aussi lors des chantiers dans l’immeuble comme la réfection totale du toit des garages, comme l’entretien des troènes, le vernissage des portes d’entrée. Des locataires venaient aider et aussi , bien sûr, partager le verre de l’amitié. Ces travaux faits en commun créaient des relations humaines de camaraderie et soudaient les membres de la communauté .

Nous croyons avoir réussi aussi l’intégration des étrangers. Leur nombre était pourtant relativement élevé : 30% , soit quatre familles portugaises et deux familles italiennes. Comme les français ,ils participaient au repas annuel et délibéraient aux assemblées . Il n’y avait pas de différences entre eux et nous. Il serait difficile maintenant de dire qui a tendu la main le premier ; nos mains se sont rejointes pour une parfaite entente.

Je dirais encore que, puisque nous exercions directement notre souveraineté, nous constituions une assemblée démocratique où nous étions tous égaux en droit, où chacun pouvait donner son opinion et où chacun avait des devoirs . Ces obligations étaient le respect du voisinage ,le bon entretien des espaces communs, le souci de la bonne marche de l’immeuble.

Enfin , en dernier point , on peut mentionner l’importance des couples dans le vécu de cette citoyenneté. Il était remarquable qu’aux assemblées les copropriétaires venaient en couples. Aux délibérations, hommes et femmes participaient et cela consolidait notre petite société.

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