L’église
Au nom de la liberté de penser, Simone Weil reproche à l’Eglise son esprit de domination, sa volonté d’imposer sa vérité par la contrainte morale , . Elle lui reproche d’avoir une attitude hypocrite et l’amour de l’argent : « Je me suis dit que si l’on affichait aux portes des églises que l’entrée est interdite à quiconque jouit d’un revenu supérieur à telle ou telle somme, je me convertirai aussitôt » . Simone Weil pense , comme Nietzsche que le christianisme est la religion des esclaves .
Elle critique aussi l’Ancien Testament. Elle parle ainsi du dieu de l’Ancien Testament : « ce vieux monsieur grincheux, tyrannique et sanguinaire n’a aucun rapport avec le Dieu d’amour du Nouveau Testament ». Il n’y a qu’un être devant lequel elle s’incline c’est Jésus Christ . Ce dieu renonce à sa toute puissance et s’abaisse au niveau des hommes pour établir avec eux une relation d’égalité . C’est un dieu présent dans la création sous forme d’ absence.
Elle est catholique par son aspiration à l’universalité. Mais plus chrétienne que catholique et plus christique que chrétienne . La religion de Simone Weil est avant tout une religion de Jésus Christ. Elle est chrétienne hors de l’Eglise. Elle n’entre pas , elle reste dans le narthex.
Bien que d’origine juive , elle critique le judaïsme . Elle n’est ni antisémite , ni antichrétienne :c’est une personnalité complexe.
Travail manuel
Simone Weil s’est astreinte au travail manuel en s’engageant aux champs , en été 1926 et 1927 chez Letelier ; puis en usine , de décembre 1934 à août 1935 chez Alsthom ,chez Carnaud, chez Renaud . En 1941, elle fait les vendanges dans le Gard . Elle ne cherchait pas à endoctriner. Elle voulait connaître la vie des travailleurs manuels , s’identifier à eux pour pouvoir parler de leur existence en connaissance de cause . Elle s'est immergée dans ce milieu. Et pendant un temps, elle change de statut elle n'est plus la philosophe enfermée dans sa tour d'ivoire mais l'ouvrière d'usine ou l'employée agricole. Elle se rendit vite compte que la condition d’ouvrier diminuait l’homme, l’obligeait à obéir passivement pour réaliser des tâches souvent pénibles , sales et dont il ne comprenait pas la finalité . L’ouvrier n’avait aucun intérêt à ce qu’il faisait et devenait étranger à son propre travail comme un mercenaire qui ne réfléchit pas et que l’on payait le moins possible .Il était dépersonnalisé , réifié. Elle a écrit : « J’ai reçu là pour toujours la marque de l’esclavage.
Alors que faire ? Donner le pouvoir aux opprimés. Ce n’est pas la solution . Il faudrait supprimer le pouvoir . Et ne pas avoir confiance aux savants, aux intellectuels, aux techniciens car ils n’ont pas les mêmes préoccupations basiques ,alimentaires, et de logement. "Les travailleurs ne doivent pas avoir confiance dans les savants, les intellectuels et les techniciens pour régler ce qui est pour eux d'importance vitale..( ) Ils doivent compter que sur eux-mêmes et s'ils s'aident de la science ça devra être en l'assimilant eux-mêmes." La contribution des intellectuels n’est peut être pas à rejeter à condition qu’elle soit désintéressée et ne soit pas un moyen d’accéder à une carrière politique.
Vérité
Simone Weil est l’esprit qui ne ment jamais. Pour elle, l’intelligence exige une liberté totale impliquant le droit de tout nier et aucune obligation. Et ses actes sont la concrétisation de ses pensées.. Sa conduite est toujours en cohérance avec sa pensée en refusant absolument de se renier quelles qu’en soient les conséquences . Ses idées révolutionnaires, libertaires n’ont pas été appréciées par ses supérieurs hiérarchiques qui la révoquèrent. Cela ne l’attrista pas , elle en fut fière . Elle considérait que c’était le couronnement de sa carrière .
Un regard sur la monde
La colonisation, c’est le fait d’un peuple qui cherche à détruire une civilisation pour en imposer une autre estimée supérieure. Cela entraîne évidemment des frustrations ,des conflits.
Citation sur le pouvoir : « Dès lors que la société est divisée en hommes qui ordonnent et en hommes qui exécutent , toute la vie sociale est commandée par la lutte pour le pouvoir. »
Un parti est une organisation dominatrice au pouvoir hégémonique surtout préoccupée de sa propre croissance.
On peut être pacifiste parce qu’on a peur de mourir alors c’est de la lâcheté ou bien parce qu’on éprouve de la répugnance à tuer , c’est alors du courage . C’est le cas de Simone Weil.
Elle considère tout ordre social comme mauvais .Elle critique aussi bien les communistes que les conservateurs. Car l’ordre social implique la force et non la liberté . Mais elle est cependant pragmatique : elle pense qu’il faut être à la fois révolutionnaire et conservateur. C’est une condition indispensable à la liberté.
Dialectique c’est une discussion entre deux interlocuteurs qui ont des points de vue différents , mais qui n’essaient pas de se paralyser mais au contraire sont à l’écoute l’un de l’autre pour faire avancer l’objet du dialogue .
Caractère
Elle a une volonté de fer, une volonté inflexible. Dans toutes les circonstances de sa vie, elle ne trahit jamais ses pensées et ne recule pas devant les conséquences de la vérité.
Comme Nietzsche, elle proclame le droit de se contredire. C’est pour elle nécessaire pour accéder à la vérité .
Elle est très sensible au malheur des autres car elle s’identifie à eux. Elle considère même qu’aimer une personne particulière c’est un peu oublier les autres. C’est créer une injustice par rapport aux autres. Elle a écrit : « Il faut être catholique, c’est-à-dire relié à rien qui soit créé, sinon à toute la création. »
Elle finit par renoncer à elle-même . Elle a considéré que sa paie de professeur agrégé de philosophie était à l’origine d’une inégalité par rapport au monde enseignant du premier degré aussi elle versait l’excédent aux caisses de chômage et de solidarité des mineurs. A Marseille , au temps des restrictions, alors qu’elle avait suffisamment de tickets d’alimentation pour s’acheter une nourriture variée, elle ne mangea que des pommes de terre, comme les Annamites, ses voisins qui n’avaient rien d’autre à manger. A Londres, pendant la guerre, alors qu’elle était de santé fragile et affligée d’effroyables migraines, elle couchait à même le sol et mangeait très peu par solidarité avec les pauvres qui avaient faim. Son ascétisme était un acte social .
Contradictions?
Elle ne se sent pas en contradiction quand elle s’engage en 1936, avec les républicains espagnols anarchistes alors qu’elle a approuvé la non intervention décidée par Léon Blum ; elle est révolutionnaire, ce qui ne l’empêche pas de prêcher la paix sociale . Pour ce qui est des Ecritures, le paradoxe n'est pas dans l'esprit de Simone Weil mais dans les livres eux-mêmes. Elle ne fait qu'attirer l'attention sur des écrits contradictoires . Le paradoxe s'établit encore entre les Evangiles et l'église romaine. Elle est pacifiste mais elle fait partie de la France libre en 1942-43, à Londres et s'oppose ainsi au fascisme. Pour elle , non -violente , elle ne pouvait pas rester sans réagir. Son pacifisme serait devenu complicité. Sa conduite est tout a fait logique. Elle est libertaire mais elle pense que l’ordre est nécessaire à la société . Ce ne sont pas des contradictions mais simplement le heurt du domaine des idées à la réalité. Des idées qu’elle garde ; une réalité qu’elle n’a pas souhaitée et qu’elle voudrait transformer.